
Energie : le pari de la fusion laser
Un cap décisif : des physiciens ont réussi à déclencher à plusieurs reprises une réaction de fusion auto-entretenue avec des lasers. Le rêve d’une énergie propre et sans limite enfin à portée ?
Et si on avait enfin trouvé la solution ? Et si, après des décennies d’une quête magnifique mais franchement désespérante, les scientifiques avaient mis le doigt sur une source d’énergie propre, stable, sûre et quasi illimitée ? Et si c’était aussi simple que des faisceaux laser dirigés vers une bille d’hydrogène de la taille d’un grain de poivre pour déclencher une providentielle réaction de fusion nucléaire ? Juste des lasers, ces outils aujourd’hui employés dans les laboratoires de physique, dans la découpe industrielle de métaux et les opérations pour soigner la cataracte ou corriger la myopie.
On vous l’accorde : la promesse paraît tout à fait déraisonnable, à la limite de la supercherie. “Il y a encore cinq ans, personne ne parlait sérieusement de cette option pour la production d’électricité”, reconnaît Sébastien Le Pape, directeur du laboratoire pour l’utilisation des lasers intenses, à l’école polytechnique. Mais aujourd’hui, une noria de laboratoires et de start-up aux noms clinquants – Marvel Fusion, XCimer, HB11, Focused Energy, LaserFusionX, ou encore GenF inaugurée il y a quelques semaines à Bordeaux – planchent sérieusement sur le sujet ; des prix Nobel de physique comme Gérard Mourou, de grands groupes industriels comme Thales, et des pays tels que l’Allemagne, la France ou les Etats-Unis parient aussi sur cette technologie naissante de fusion. à ne pas confondre avec la fission nucléaire qui agit au cœur des centrales nucléaires actuelles, produit son lot de déchets hautement radioactifs à très long terme, présente des risques d’emballement, et nécessite l’extraction massive d’uranium. La fusion de noyaux d’hydrogène promet, elle, de s’affranchir de ces inconvénients et de libérer – sans émission de CO2 – 4 millions de fois plus d’énergie que la combustion d’une même quantité de charbon… Mais jusqu’à présent, sa mise en œuvre était synonyme de désillusions, de mauvaises surprises et de calendriers retardés sine die.