@illustration Y.Diraison avec l’ia firefly
La découverte de l’âge du bois
Oubliez l’âge de pierre. Partout dans le monde, les preuves ténues, fragiles d’un savoir-faire intimement lié au travail du bois s’accumulent. Une formidable culture technique végétale passée jusqu’ici inaperçue.
Et si on avait tout faux ? Et si tout le monde s’était fourvoyé en imaginant les humains préhistoriques comme des obsédés des silex, des galets, des obsidiennes, passant une grande partie de leurs journées à frapper – avec talent, certes – sur des cailloux pour en faire des armes tranchantes et autres outils ? Il y a de sérieuses raisons de s’interroger au vu des dernières découvertes archéologiques réalisées en Chine, en Zambie, en Italie ou encore en Allemagne. “On se rend compte que les outils en pierre ne donnent qu’une image très partielle de la sophistication d’une culture”, témoigne Robin Dennell, préhistorien à l’université d’Exeter, qui vient de déterrer dans le sud de la Chine trente-cinq objets en bois soigneusement ouvragés il y a 300 000 ans, peut-être par des hommes ou des femmes de Denisova. “J’ai osé employer récemment l’expression ‘âge du bois’, parce que ‘l’âge de pierre’ utilisé jusqu’à présent pour désigner les sociétés pré-métalliques me semble beaucoup trop restrictif”, appuie Larry Barham, archéologue à l’université de Liverpool. Il est vrai que le portrait esquissé par la science de nos lointains ancêtres ou cousins ressemble de plus en plus à celui d’un menuisier penché patiemment sur son établi, plutôt qu’à celui d’un pur tailleur de pierre.
Coup de chance
À première vue, cela n’a rien d’évident : les sites archéologiques regorgent souvent de plusieurs milliers d’artefacts en pierre, tandis que les objets en bois sont quasiment toujours absents. La faute à la décomposition rapide de cette matière organique à l’air libre, sous l’assaut des bactéries, des champignons, des insectes…