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L'arnaque du froid
C’est l’histoire d’une d’idée reçue qui a séduit tous les milieux sportifs. Le froid ça aide à récupérer, ça améliore les performances… Sauf que pas du tout, démontent aujourd’hui les physiologistes. Retour sur un malentendu.
Les poumons qui laissent échapper une expiration tremblotante, les épaules qui se hissent jusqu’aux oreilles, le ventre qui tente de se dérober, la peau qui démange… Ça pique un peu, mais c’est bien connu : rien de tel qu’un bon bain glacé pour récupérer après un effort physique.
La pratique est plébiscitée par les sportifs comme les entraîneurs. “La cryothérapie est devenue un outil de récupération essentiel dans le quotidien des athlètes de haut niveau”, témoigne Robin Thorpe, chercheur en physiologie du sport et ancien entraîneur chargé du conditionnement physique de l’équipe de football de Manchester United. Aux Jeux olympiques de Rio, en 2016, elle représentait 44 % des demandes de consultation en physiothérapie par les athlètes, contre 10 % à Londres, quatre ans plus tôt. Parmi 330 sportifs interrogés en 2017, plus de 70 % de ceux évoluant au niveau international et national, 50 % au niveau régional et près de 25 % en local affirment y avoir recours régulièrement, la plupart d’entre eux estimant que le froid “réduit l’inflammation, diminue les gonflements et apaise les courbatures”. Pas étonnant, dès lors, que l’on ait vu arriver dans les salles de sport et les centres de bien-être des baignoires remplies de glaçons, des installations gonflables, ainsi que des offres de séjour de quelques minutes dans des chambres à -110°C ou -160°C – on en compte une vingtaine rien qu’en région parisienne.