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Métaphysique quantique : les premières expériences
Cela fait un siècle que la quantique déroute tout le monde. Et voilà que les physiciens passent encore un cap dans l’étrangeté, mélangeant les causes et les effets, superposant les coordonnées, intriquant les observateurs. Et si ces ultimes vertiges pouvaient nous aider à comprendre enfin le monde dans lequel nous vivons.
“Comment est-ce possible que ce soit maintenant qu’on ait tous ces théorèmes super profonds ? cent ans après l’avènement de la quantique !”, s’exclame Antoine Soulas, à l’université de Vienne. Voilà en effet exactement cent ans que ces formules mathématiques ont surgi de l’esprit de quelques physiciens pionniers – Albert Einstein, Niels Bohr, Werner Heisenberg, Max Born, Edwin Schrödinger… Cent ans que quelques règles simples ont été posées pour décrire le comportement des particules, prédire leurs interactions et les résultats de mesure, “une mathématique épurée”, souligne le chercheur.
Sortir de sa torpeur
On connaît le succès de cette théorie révolutionnaire, à la base de l’électronique, des lasers, des centrales nucléaires ou de l’imagerie médicale. Oui, sauf que depuis cent ans, personne ne comprend ce que dit cette physique. Personne ne sait d’où viennent ces lois, sur quel principe fondamental elles s’appuient, ni comment interpréter les phénomènes contre-intuitifs qu’elle décrit. On se contente de dire, avec un ton plus ou moins mystérieux, qu’une particule peut être “à plusieurs endroits en même temps”, que deux photons de lumière peuvent être “liés par-delà l’espace et le temps”, qu’un chat peut être “à la fois mort et vivant”.
“La physique quantique a été introduite comme une espèce de boîte noire scientifique, avec tout un folklore mystérieux. On s’est habitué à en parler comme si c’était mythologique, ce qui nous a placés dans une sorte de léthargie, un émerveillement passif, analyse cruellement Hippolyte Dourdent, à l’Institut des sciences photoniques de Barcelone. C’est quand on essaie de donner du sens au langage quantique, de traduire les phrases mathématiques en une histoire qui raconte ce qui s’est passé à l’intérieur de la boîte, que ça coince : on parle alors de ‘superposition’, d’'intrication', de ‘contextualité’, comme autant de phénomènes occultes résidents d’un monde qui se déroberait à notre regard.” Ces questions intéressaient pourtant les pionniers…