Et si la Terre était unique…
Les modèles sont catégoriques : la plus parfaite jumelle de la Terre, Vénus elle-même, n’a jamais abrité la vie. De quoi diviser par deux le nombre de planètes habitables dans l’Univers. Et renforcer l’idée que la nôtre est décidément un berceau à l’équilibre subtil.
Non, la réponse est formelle. Jamais, à aucun moment depuis sa formation, notre voisine et jumelle n’a pu abriter d’océans. Le modèle climatique 3D a tourné patiemment. Il a fait évoluer l’embryon planétaire à peine sorti de son cocon de poussières, un magma à plus de mille degrés enroulé dans une atmosphère de vapeur d’eau brûlante. Il a calculé la condensation, la convection, le rayonnement, les transferts radiatifs – un défi de modélisation depuis des années. Et le résultat, finalement, est tombé : “L’eau ne s’est jamais condensée à la surface de Vénus”, conclut Martin Turbet, de l’université de Genève.
La planète avait pourtant tout pour elle : une masse et une taille parfaite. Une atmosphère à la composition idéale, dominée par la vapeur d’eau. Une distance à son étoile raisonnable. Peut-être un poil trop proche, mais le Soleil, à cette époque reculée, brillait 30 % moins qu’aujourd’hui…
Sauf qu’un cycle inextricable s’est enclenché sur cette planète à la rotation très lente, qui présente au Soleil la même face pendant près de quatre mois terrestres. Côté jour, la convection humide s’est brisée et l’atmosphère s’est mise à chauffer irrésistiblement, dissipant tous les nuages. Un puissant vent d’échelle planétaire s’est levé vers l’est, emportant l’air chaud de l’équateur vers les pôles. Puis c’est un vent froid qui s’est abattu du côté nuit, déclenchant une gigantesque traînée de stratus. Et tout n’a fait qu’empirer…