Les physiciens sculptent des grains de sable
La nano-sculpture façonne la matière à si petite échelle que les objets y gagnent des propriétés jusqu’ici inconnues.
Autriche, en Corée du Sud, en Australie ou en France, derrière les portes de laboratoires de physique-chimie, des ingénieurs s’essayent à la micro, voire à la nanosculpture. “Depuis cinq ans, on sent que cela pousse très fort, les industriels sont très intéressés par ces résultats de miniaturisation et mettent les budgets pour que ces projets se développent vite”, confie Anne Lafosse, directrice de recherche à l’université Paris-Saclay. Car les industriels de l’électronique, de l’optique ou de l’informatique y voient de grands intérêts en termes de réduction de coûts, d’économie de certains matériaux ou de baisse de la consommation énergétique. Il y a aussi des raisons très pratiques, comme cet endoscope de 125 micromètres de diamètre, le plus petit jamais créé dans le monde, qui a été conçu en 2020 par des chercheurs des universités de Stuttgart et d’Adélaïde, en Australie, et qui permet de mener des examens très peu invasifs en passant à l’intérieur des vaisseaux sanguins.
Et puis, il y a des motivations plus surprenantes : “Certaines propriétés des matériaux que nous connaissons à l’échelle macroscopique changent quand les structures deviennent très petites, et notamment quand elles atteignent le stade nanométrique, souligne Harald Plank, de l’université de Graz, en Autriche. Cela ouvre de nouvelles possibilités, une fois que vous avez saisi ce qui se passe.”