Forêts : le mystère de leurs pulsations
Aucun arbre n’y échappe. C’est un pouls secret, un rythme productif qui, d’une année sur l’autre, bat son tempo à l’échelle de forêts entières, de régions et même de continents… La science commence tout juste à en prendre la mesure.
Jalene LaMontagne se rappelle son voyage, en 2019, dans le nord-est des États-Unis. “C’était incroyable, nous étions en voiture et je n’arrêtais pas de dire : regarde tous ces cônes !” L’écologue de l’université DePaul, à Chicago, contemplait un spectacle étonnant : sur plusieurs milliers de kilomètres carrés de forêt, les conifères s’étaient mis à produire de grandes quantités de fruits. Tous en même temps. Comme s’ils s’étaient massivement donné le mot.
“Durant une année faste, on peut assister à des productions de graines gigantesques”, s’émerveille de son côté son confrère Nicolas Delpierre qui, depuis l’université Paris-Saclay, scrute ces “fructifications de masse” chez les chênes et les hêtres de quarante-huit forêts françaises, dont la production de graines a été minutieusement relevée pendant quatorze ans par l’Office national des forêts. Et Mario Pesendorfer, de l’Université des ressources naturelles et des sciences de la vie, à Vienne, de s’interroger : “Chaque arbre semble alors faire partie d’un super-organisme…”