Dans l’enfer des supernovae
Des étoiles mourantes, des monstres dont le cœur explose dans une agonie cataclysmique, que les physiciens commencent à modéliser. D’où vient l’étincelle ? Voici le début de la fin, la seconde où tout bascule.
En 1054, un nouvel astre surgit dans le ciel, dans la constellation du Taureau. Si brillant que son éclat reste visible de nuit pendant vingt mois. Les prémices de l’apocalypse ? Non : le chant du cygne d’une étoile massive, une supernova. Dix siècles plus tard, les particules propulsées par la détonation flottent toujours gracieusement dans l’espace, et le mot “supernova” continue de faire rêver plus qu’aucun autre jargon astronomique… Mais la sidération mystique a laissé place au vertige scientifique. Qu’est-ce qui déclenche cette colossale explosion ? Depuis quelques années, pour y répondre, partout dans le monde, la compétition entre astrophysiciens s’accélère.
“Ces supernovæ comptent parmi les explosions les plus puissantes de l’Univers”, s’enthousiasme Bernhard Müller, spécialiste du sujet au centre d’astrophysique de l’université de Monash, en Australie. “Ce sont les actrices principales de l’Univers”, renchérit Adam Burrows, qui dirige un groupe d’étude sur ces phénomènes à Princeton. Même noyées dans un bestiaire cosmique qui joue en permanence la surenchère des superlatifs, elles se distinguent, monstrueuses. “Au moment de l’explosion, leur cœur atteint des températures et des densités supérieures à celles des noyaux atomiques. Seul le big bang rivalise avec des conditions aussi extrêmes”, décrit Thomas Janka, chef de la principale équipe à travailler sur le sujet, à Garching, en Allemagne.