Exposition Enki Bilal : aux frontières de l’humain
Un individu délabré, perdu dans un monde devenu étranger… Le dessinateur confronte notre corps à ses transgressions génétiques et cybernétiques dans une exposition.
“Il n’y avait pas de choix plus évident, juge Guillaume Lecointre, professeur du Muséum national d’histoire naturelle, un des conseillers scientifiques de l’exposition. Chez Bilal, l’humain est toujours en transition, en hybridation, en mutation, en questionnement sur l’acceptation de sa nature animale. C’est le peintre du changement et de la fragilité. L’histoire naturelle est face aux mêmes questions, mais lui ne se préoccupe pas de poser des savoirs : il fait œuvre de culture scientifique.”
Enki Bilal prévient : “Je ne suis pas un lanceur d’alerte, mais un raconteur d’histoires.” Conjuguées au futur pas si lointain, les histoires qu’il nous raconte depuis presque cinquante ans, à travers ses bandes dessinées, ses peintures, ses films, sont toutes traversées par la même dimension tragique de la technoscience. “Il y a bien sûr une forme d’excitation à imaginer un futur angoissant, mais cela fait partie de ma vision du monde : si la science progresse, exaltante, fascinante, je suis inquiet du fait que l’humain, lui, régresse.” Ce qui résonne en effet avec l’exposition au Musée de l’Homme.