
Au mètre près !
26 % seulement des abysses ont été répertoriés à ce jour. C’est simple, on connaît mieux la Lune ! Le projet scientifique Seabed promet de tout cartographier d’ici à 2030. Un défi.
Qui aime les cartes tombe forcément amoureux de celle-ci. Ce bleu délicat, ces détails : craquelures, chaînes de montagnes, petits monts en myriades… Comme si une sorte de Titan planétaire avait vidé les océans pour en faire ressortir, enfin, la beauté géographique. En contrepoint, les continents apparaissent mornes et lisses, ils disparaissent, écrasés par tant de richesse. On dirait la page de garde d’un livre d’heroïc fantasy ou une carte au trésor. Et son histoire n’enlève rien à sa magie, bien au contraire. C’est une géologue qui a dessiné à la main, montagne après montagne, tous les fonds océaniques du monde ; une océanographe sans navire, à une époque où les femmes portaient malheur sur les bateaux, aujourd’hui devenue une icône scientifique. “Marie Tharp réalisait ses tracés millimètre par millimètre et parfois à l’échelle de toute une région, c’était remarquable”, souffle Walter Roest, spécialiste en cartographie marine à l’Ifremer. Avant elle, personne ne se doutait que le sol des océans était sculpté d’autant de reliefs. Il faut dire que le secret des grands fonds était bien gardé.