Comment les Mayas ont dompté la pluie
C’est un cas unique dans l’histoire. Des millions de Mayas ont prospéré pendant 2 000 ans sans autre source d’eau que la pluie. Les chercheurs découvrent aujourd’hui l’incroyable savoir-faire de ce peuple d’ingénieurs.
Tikal, il y a près de 1 300 ans. La capitale maya, l’une des plus puissantes de l’époque, est à son apogée. Visages peints, peaux de jaguar sur les épaules, plumes de quetzal sur la tête, le roi et sa cour ont rassemblé des milliers d’habitants sur la grand-place. Ils festoient sous la protection de Chahk, le dieu de la pluie, dont la hache de foudre est réputée frapper les nuages pour en faire tomber le précieux liquide. Ils ont toutes les raisons d’être heureux : le grand réservoir du palais est plein. 75 000 m3 d’eau de pluie, plus de trois fois le volume du temple du Grand Jaguar, l’un des plus imposants du monde maya. Pleins aussi, les réservoirs plus petits, en contrebas. De quoi voir venir : la saison sèche peut commencer.
“Au total, les réservoirs de Tikal pouvaient contenir jusqu’à 900 000 m3 d’eau, estime Lisa Lucero, anthropologue à l’université de l’Illinois. De quoi faire vivre les 60 000 à 80 000 habitants de la cité pendant les six mois de saison sèche, dont quatre où il ne tombe aucune goutte de pluie.” Quatre mois durant lesquels ce milieu tropical des basses-terres mayas, dans le nord de l’actuel Guatemala, se transforme en enfer. “Vous avez beau être entouré d’une végétation luxuriante, vous pouvez mourir de déshydratation. Dans ces zones tropicales et humides, avoir de l’eau est encore plus crucial que dans le désert, car vous transpirez sans même vous en rendre compte.”