
Défense européenne : le défi de l’autonomie technologique
Les experts parlent d’aveuglement, d’effet boomerang. La défense européenne dépend quasi uniquement des États-Unis. Aujourd'hui, l'Europe tente de réagir. Avec beaucoup, beaucoup de retard.
Mars 2006. Alors que les États-Unis refusent de partager les secrets technologiques du F-35, leur nouveau chasseur-bombardier américain en projet, le ministre de la Défense britannique menace de se retirer du programme : une question de souveraineté. Dix-neuf ans plus tard, le code informatique au cœur de l’avion américain est toujours tenu secret. Mais le F-35 n’est plus un projet : il a désormais intégré – ou le fera bientôt – les armées de treize pays européens. Et, alors que Donald Trump, de retour à la Maison Blanche, se rapproche de la Russie, met à mal la solidarité au sein de l’OTAN, voire menace de s’emparer du Groenland – territoire autonome du Danemark, lui-même détenteur de dix-sept F-35 –, les questions de souveraineté agitent tous les ministères européens. “Si les États-Unis attaquaient le Groenland, aucun pays européen ne pourrait faire décoller ses F-35 pour le défendre, car ils ont un système de blocage si le plan de vol ne convient pas au Pentagone”, déclarait Christophe Gomart, ancien directeur du renseignement militaire français et aujourd’hui député européen, dans Libération le 20 février.