des humains et des animaux qui bâillent pour illustrer notre article sur la puissance du bâillement publié dans le magazine scie@SHUTTERSTOCK - GETTY IMAGES

L’ultrapuissance du bâillement

C’est irrésistible. Les neuroscientifiques en ont fait l’expérience : même le bâillement d’un robot est communicatif ! Humain, lion, chien… nous bâillons tous, mais pourquoi ?

par Héloïse Rambert,

“Fascinant.” Le docteur Ramiro Joly-Mascheroni, chercheur en neurosciences cognitives à l’université Saint-George de Londres, ne cesse de s’émerveiller du pouvoir de contagion, voire de suggestion du bâillement. Nous avons tous, ou presque, expérimenté le phénomène : c’est irrésistible, lorsque quelqu’un bâille à s’en décrocher la mâchoire sous notre nez, nous l’imitons quasiment à coup sûr. Et nous ne sommes pas les seuls. Pour leur toute nouvelle étude, parue en juin dernier dans la revue Nature, Ramiro Joly-Mascheroni et son équipe ont poussé l’expérience à l’extrême, avec une tête d’androïde qu’ils ont placée devant des chimpanzés. Tête qui a adopté toutes sortes d’expressions faciales et mimiques. Et lorsqu’elle s’est mise à bâiller, cela n’a pas manqué, les chimpanzés ont fait de même. L’effet de contagion du bâillement a été observé chez de nombreuses espèces, et même entre espèces différentes. “En 2008, j’avais déjà montré que les chiens pouvaient ‘attraper’ les bâillements des humains, rappelle le neuroscientifique. Nous avons voulu vérifier si la même chose pouvait se produire à partir d’un agent non-vivant…” Peu importe qui – ou ce qui – bâille, du moment qu’il le fait. Non seulement l’expérience a été concluante, mais la réponse des chimpanzés s’est avérée graduée : plus la bouche robotique était grande ouverte, plus le taux de mimétisme parmi les animaux était important. Une simple singerie de leur part ? Sûrement pas. Car les chimpanzés ont aussi commencé à adopter des comportements associés à la somnolence, comme rassembler de quoi s’aménager une couche et s’allonger. “Tout porte à croire que l’effet observé va au-delà d’une simple réponse automatique, estime Beatriz Calvo-Merino, professeure en neuro­sciences cognitives à l’université Saint-George de Londres, coautrice de l’étude. Ce constat suscite de nouvelles réflexions sur l’impact du bâillement et sur celui de son observation. Il est possible que le fait de reproduire soi-même cette action motrice renforce les représentations qui lui sont associées et prépare au repos.”

La suite de cet article est disponible dans la liseuse
Un article à retrouver dans Epsiloon n°52
Découvrir le numéro
Acheter ce numéro
Abonnez-vous et ne manquez aucun numéro
Chaque mois,dans votre boîte aux lettres
Toutes les archives,accessibles en ligne
La version numérique,avec l'appli Epsiloon
Un espace abonné,pour gérer mon compte