illustration de la 6e extinction de masse avec des animaux sauvages@ILLUSTRATION Y.DIRAISON - Shutterstock - Getty Images

6e extinction : dans la polémique

Il n’y a pas débat sur le déclin en cours… Oui, mais comment le nommer ? En prendre la mesure ? Une 6e extinction de masse est-elle en cours ? Paléontologues, écologues et biologistes ne sont pas d’accord.

par Jean-Baptiste Veyrieras,

C’est la dernière espèce en date. L’extinction du courlis à bec grêle a été confirmée en octobre par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) – une première pour un oiseau continental. 

Combien sont-elles, ces espèces qui disparaissent sous la pression des bouleversements écologiques modernes ? Calcul délicat. 935 depuis le début du XVIe siècle, décompte l’UICN. Mais sur la base de 172 620 espèces évaluées, pour 2,1 millions décrites. Sachant que la planète hébergerait jusqu’à 9 millions d’espèces animales et végétales. “L’UICN fait un suivi très rigoureux, mais recenser les espèces éteintes est un travail complexe qui prend des décennies, souligne l’écologue Benoît Fontaine, du Muséum national d’histoire naturelle. Le décompte sous-estime largement la réalité.” Une modélisation d’une équipe internationale d’écologues évaluait en 2024 que la destruction des habitats naturels par les sociétés humaines a balayé jusqu’à 200 000 espèces au cours du seul XXe siècle…

Comment prendre la mesure de ce qui arrive ? Comment le nommer ? “Aussi bien dans les cercles scientifiques que populaires, on entend souvent qu’une sixième extinction de masse est en cours”, constate la philosophe et historienne des sciences Federica Bocchi, à l’université de Copenhague, en préambule d’une étude critique sur cette notion. Sixième extinction de masse car l’hécatombe serait aussi radicale et irréversible que les fameuses “Big Five”, qui ont ravagé les écosystèmes planétaires au cours du demi-milliard d’années passées – la dernière étant due à l’astéroïde qui, il y a 66 millions d’années, a balayé les dinosaures. “Non !”, répond John Wiens, de l’université de l’Arizona, qui vient de publier coup sur coup, avec sa doctorante Kristen Saban, deux articles retentissants. “Chaque extinction est en soi une tragédie, mais affirmer que la crise actuelle est comparable aux Big Five me paraît contre-productif et risque de nuire à la crédibilité scientifique.”

La suite de cet article est disponible dans la liseuse
Un article à retrouver dans Epsiloon n°54
Découvrir le numéro
Acheter ce numéro
Abonnez-vous et ne manquez aucun numéro
Chaque mois,dans votre boîte aux lettres
Toutes les archives,accessibles en ligne
La version numérique,avec l'appli Epsiloon
Un espace abonné,pour gérer mon compte