portrait de l'anthropologue Manvir Singh @david despau, colagene.com

“Les berceuses ne sont pas universelles”

Les ethnologues en sont convaincus : partout dans le monde, on berce les enfants en chantant. Et l’humain y aurait même des prédispositions biologiques ! Sauf que Manvir Singh n’est pas d’accord.

par Alexandra Pihen,

Epsiloon : Selon vous, les berceuses ne sont pas universelles…

Manvir Singh : L’idée paraît pourtant bien établie. Les enquêtes sur de vastes corpus ethnographiques et discographiques semblent avoir fourni des preuves de l’universalité absolue de plusieurs comportements musicaux, dont les berceuses. Et cela a même été con­firmé par de nombreuses recherches interculturelles, dont les miennes… Jusqu’à ce que nous trouvions un contre-exemple au Paraguay : le peuple des Achés du Nord.

E. :Un peuple sans berceuse ?

M.S. : Notre étude est fondée sur les 122 mois de travail de terrain mené pendant 43 ans par l’ethnologue Kim Hill, entre 1977 et 2020. Les preuves sont solides : Kim Hill a minutieusement observé le comportement des femmes, les suivant douze heures par jour, du lever au coucher du soleil. Il a enregistré et traduit des chants, et étudié divers autres aspects de la vie et de la culture de ce peuple de chasseurs-cueilleurs. C’est un anthropolo­gue minutieux et systématique, qui vit en étroite relation avec les Achés du Nord depuis sa première visite en tant que volontaire du Peace Corps, et qui parle couramment leur langue. Pourtant, au cours de ses nombreux voyages et des milliers de nuits passées avec ces familles, il n’a jamais observé de danses ni de chants destinés aux nourrissons.

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