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Moustiques : peut-on gagner la guerre ?
Le bilan a été particulièrement lourd cet été en France métropolitaine, avec un niveau de transmission du chikungunya sans précédent et l’arrivée de nouveaux virus. Peut-on lutter ? Comment ? Nous faisons le point avec les experts.
Dans l’Hexagone, cet été, 20 fois plus de cas autochtones de chikungunya ont été recensés que lors des 14 années précédentes, avec 749 personnes infectées par le virus après une piqûre de moustique. “C’est une année exceptionnelle en métropole, qui s’explique par l’épidémie qui sévit dans l’océan Indien, notamment à La Réunion”, confirme Anna-Bella Failloux, entomologiste à l’Institut Pasteur. Avec une trentaine d’infections signalées, la dengue n’atteint pas le record de 2024 (83), mais les autorités sanitaires s’inquiètent de nouveaux virus : le Zika (3 cas en 2019), le West Nile (retrouvé chez une cinquantaine de personnes), l’Usutu (identifié pour la première fois en 2018)… Deux espèces posent particulièrement problème en France : Aedes aegypti, principal vecteur aux Antilles, mais pas encore présent dans l’Hexagone ; et surtout Aedes albopictus, le polyvalent moustique-tigre, implanté à La Réunion et dans 81 des 96 départements métropolitains.
Car avec le changement climatique, le moustique-tigre trouve de nouveaux territoires où il profite des températures pour accélérer son développement et prolonger sa saison d’activité – achant que la hausse des températures réduit aussi la période d’incubation des virus. “La température est le facteur déterminant en Europe, le moustique-tigre va continuer son expansion vers le nord”, annonce Andrea Radici, modélisateur épidémiologique à l’Institut de recherche pour le développement, qui vient de calculer que la progression s’est accélérée depuis dix ans, passant de 10 à 20 km par an. “Son avancée dépend de sa capacité d’adaptation et de la géographie. Il a colonisé la partie climatiquement viable pour lui, mais pour continuer, il doit s’adapter. On s’attend donc à un ralentissement du front de colonisation.”