@Illustration y.diraison avec Getty Images/Firefly
Amis pour la vie !
Oui, comme les humains. Au risque de l’anthropomorphisme, les biologistes découvrent chez les hyènes, les girafes, les chauves-souris et même les couleuvres des signes d’amitié. Et c’est très touchant.
Des amis ? Certains zoologues peinent encore à prononcer ce mot teinté d’anthropomorphisme. “Il ne faudrait pas laisser croire que les animaux sont plus semblables aux humains qu’ils ne le sont en réalité”, grince d’emblée Gerald Carter, éthologue à l’université de Princeton. “Il y a eu de grandes réticences, surtout au début… Il faut dire que les seules relations animales étroites étudiées concernaient jusqu’ici les liens au sein des familles ou des couples reproducteurs”, rembobine Catherine Crockford, primatologue à l’Institut des sciences cognitives Marc Jeannerod, à Lyon. “J’ai beaucoup hésité à utiliser ce terme, mais il faut bien admettre que les relations que j’ai détectées chez des chauves-souris vampires ressemblent à certains aspects de l’amitié humaine”, avoue Simon Ripperger, au Muséum de Berlin. Même constat pour “les alliances de dauphins mâles que j’étudie dans la baie Shark, en Australie”, clame Manuela Bizzozzero, biologiste à l’université de Zurich. “Nous venons d’utiliser ce mot pour la première fois chez des buffles, j’espère que les spécialistes des autres bovidés vont se pencher sur ce sujet”, s’enthousiasme Debottam Bhattacharjee, postdoctorante à l’université municipale de Hongkong. De fait, les études s’accumulent ces dernières années pour constater l’existence de liens sociaux intenses, durables et sélectifs entre animaux n’ayant aucun lien de parenté entre eux ; des relations “dont les deux parties tirent profit, mais pas nécessairement de manière simultanée, et sans que les faveurs soient comptabilisées de manière explicite”, pose doctement Manuella Bizzozzero. Une bonne définition de l’amitié ?