article sur la nouvelle théorie du vieillissement du magazine scientifique d'actualité epsiloon@Getty Images - Shutterstock

La théorie du vieillissement

À 20 ans, 30 ans, 40 ans, 50 ans… les biologistes découvrent de brusques changements d’état dans les tissus, le génome, le sang, le cerveau… Et cela bouleverse une idée bien ancrée. Non, vieillir n’est pas un déclin linéaire, une usure régulière : c’est une série de bascules !

par Fiorenza Gracci,

L’idée reste bien ancrée dans nos têtes : le vieillissement est une usure de l’organisme, un processus continu de lente dégradation, une accumulation progressive de dégâts, accélérée par l’alcool, le tabac, l’alimentation déséquilibrée, la sédentarité, les nuits blanches et tout un tas d’autres mauvaises habitudes qu’il suffirait d’abandonner pour mieux résister au temps qui passe. L’idée est même présente chez les biologistes. “Le déclin continu est une simplification que tout le monde considère comme inoffensive, voire pratique, estime Maël Lemoine, philosophe des sciences à l’université de Bordeaux. Elle permet par exemple de distinguer le vieillissement, qui serait en pente douce, des pathologies, qui ressembleraient aux marches d’un escalier.”

C’est cette idée simple, naturelle, qui est aujourd’hui battue en brèche par de nombreux experts du domaine. “La vision d’un corps qui s’use progressivement était à la mode autour des années 2000 ; elle est périmée”, tranche le neuro­scientifique américain Edward Giniger. David Gems, à l’Institute of Healthy Ageing du University College de Londres, abonde : “L’une des hypothèses fondamentales des théories de l’usure était que l’on vieillit faute de réparation, mais elle a été testée expérimentalement et n’a pas produit les observations prédites.” Exemple avec la principale source de dégâts identifiée, la respiration, qui produit une réaction chimique d’oxydation et abîme les cellules – un peu à la manière dont les métaux rouillent. Toutes sortes d’expériences menées sur les souris et les vers montrent pourtant que neutraliser cette oxydation n’allonge pas la durée de vie. “Ces expériences ont fait voler en éclats la théorie du stress oxydant et je suis surpris que beaucoup y croient encore”, reprend David Gems. 

 

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