milky seas, un article du magazine scientifique d'actualité epsiloon@ILLUSTRATION Y. DIRAISON AVEC L'IA FIREFLY

Le mystère des milky seas

On croise ces phénomènes merveilleux dans les récits de marins : il y est question d’eau scintillante, calme, intense, à perte de vue. Des mers laiteuses. Des milky seas en anglais. Dont la magie fascine et interroge les scientifiques.

par Noé Bente,

Jeudi 27 juillet 1854, au large de l’île de Java. La nuit enveloppe doucement le Shooting Star, un convoyeur trois-mâts américain qui fait route depuis New York vers Hongkong. Le ciel est clair, quoiqu’un peu nuageux à l’horizon, et une brise fraîche gonfle les voiles… quand l’équipage découvre qu’autour de lui, l’océan s’est illuminé. Rien à voir avec l’habituel scintillement bleu-vert dans le sillage du navire. La frontière avec les eaux sombres est nette. Craignant un haut-fond, le capitaine W. E. Kingman fait lancer un plomb, mais non, c’est bien l’océan qui brille à perte de vue, intensément, uniformément, par une magie dont lui seul a le secret.

Quelques rares histoires de navigateurs circulent depuis longtemps, ­racontant avoir vogué des nuits durant sur ces étranges eaux illuminées d’un blanc laiteux, avant d’en sortir aussi brusquement qu’ils y étaient entrés. La plupart, terrifiés, s’en retournaient sur la terre ferme, persuadés d’avoir frôlé les confins du monde. Les plus curieux, ou les plus pragmatiques, ont gardé le cap.

De Moby Dick à Jules Verne

W. E. Kingman est de ceux-là. Il fait remonter des seaux depuis le bastingage, dans lesquels l’équipage assure avoir vu de petites créatures qu’ils soupçonnent être à l’origine de la lumière marine. Ce soir-là, le Shooting Star vient de faire la rencontre d’une milky sea – une “mer laiteuse”, en français.

Le spectacle a été élevé au rang de mythe, au même titre que le kraken et les sirènes. Il a inspiré les auteurs du XIXe siècle : dans les pages de Moby Dick, Herman Melville dépeint un marin terrorisé par des eaux spectrales ; dans Vingt Mille Lieues sous les mers, Jules Verne plonge le Nautilus dans un océan éclairé d’une myriade de petits vers luisants. Mais les récits recueillis aux XXe et XXIe siècles ont prouvé que ce phénomène est bien réel. 

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Un article à retrouver dans Epsiloon n°55
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