La quête désespérée du propre de l’homme
Est-ce le langage ? Le rire ? Les maths ? Rien à faire, toutes les hypothèses tombent les unes après les autres. Même le deuil et le feu ! L’homme serait-il décidément un animal comme les autres ?
“À chaque fois, c’est la même chose. Il y a une affirmation, un grand article qui dit que nous sommes uniques puis, dix ans plus tard, on apprend que ce n’est pas vrai”, s’amuse Frans de Waal, l’un des grands spécialistes mondiaux des primates. Combien de fois n’a-t-on pas pensé avoir trouvé l’essence de la nature de l’homme ? Le caractère qui le distingue du reste du règne animal ? Un nombre incalculable, puisque cette quête taraudait déjà les philosophes grecs de l’Antiquité, et qu’elle n’est toujours pas achevée.
“L’âme humaine se distingue de l’âme animale en ce qu’elle a une faculté de connaître”, décrétait Aristote trois siècles avant notre ère. Le rire est le propre de l’homme, tranchait Rabelais. C’est le langage, leur répondait Descartes… La liste n’a jamais cessé d’être enrichie. Capacité de la main à manipuler des objets avec habileté, émotion du deuil, fibre artistique et sens du “beau”, agriculture, mensonge, logique, politique, relations sociales, guerre, violence, crise d’adolescence…