Jusqu’où va la conscience
Poussée par l’IA et l’irruption des cerveaux synthétiques, la question est plus actuelle que jamais. Sauf que les scientifiques sont incapables de se mettre d’accord sur une définition de la conscience. Pire, ils se déchirent en deux camps rivaux.
“Il faudrait être fou pour penser qu’une des théories actuelles de la conscience est vraie.” Le philosophe Matthias Michel, spécialiste des neurosciences de la conscience et de sa mesure à l’université de New York, le reconnaît sans fard : les neurosciences ne sont toujours pas venues à bout de la conscience. Au niveau théorique, aucun modèle ne fait consensus sur les mécanismes cérébraux à l’œuvre dans ce phénomène. Et au niveau expérimental, les résultats des tests mis en œuvre sont souvent entachés d’ambiguïté.
Pire, plutôt que d’élaguer au fur et à mesure les hypothèses sur la conscience, les données empiriques qui s’accumulent depuis vingt ans, catalysées par les outils d’imagerie cérébrale de plus en plus puissants, engendrent une prolifération des théories. Une rapide revue de la littérature permet d’en lister plus de quarante, chacune incomplète, chacune biaisée par ses propres hypothèses, certaines non testables…