À la recherche de la petite voix intérieure
Secrète, insaisissable, envahissante parfois. Tout le monde (ou presque) aurait une petite voix intérieure… Les neuroscientifiques la traquent dans notre cerveau. Et ils sont bluffés par ce qu’ils découvrent.
“To be or not to be, that is the question” : cela fait longtemps que les auteurs de théâtre font sonner en tirades ces soliloques silencieux, et que les écrivains les couchent sur le papier. Nous-mêmes, nous l’entendons cette petite voix intérieure. Elle résonne probablement dans votre tête en lisant ces lignes. Une voix paradoxale quand on y pense, silencieuse mais audible. Une évidence pour tout le monde, ou presque, à laquelle la science a eu du mal à s’attaquer puisqu’on est seul à l’entendre en son for intérieur.
“Quand j’ai commencé à m’y intéresser dans les années 1990, on me disait que j’étais fou, que c’était impossible d’étudier un phénomène comme celui-ci”,témoigne le Britannique Charles Fernyhough, psychologue du développement à l’université de Durham. “Il est resté hors du champ de la science, bien qu’il ait été décrit dès 1892 par Georges Saint-Paul, un médecin militaire qui l’avait baptisé ‘endophasie’, littéralement ‘langage à l’intérieur de soi’”, ajoute Hélène Lœvenbruck, neurolinguiste au Laboratoire de psychologie et neurocognition de Grenoble. Jusqu’à l’arrivée d’outils et de méthodes expérimentales…